Disparition de Frank Gehry, un géant de l’architecture nous quitte
- Malo
- il y a 6 jours
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La disparition de Frank Gehry, survenue le 5 décembre 2025 à l’âge de 96 ans, marque la fin d’une ère pour l’architecture contemporaine. Figure majeure de la scène internationale, l’architecte américano-canadien aura consacré plus de six décennies à repousser les frontières formelles et techniques du bâti. Sa signature, des volumes déstructurés, des courbes libres, des matériaux industriels transcendés, a profondément renouvelé le rapport entre l’architecture, l’art et le paysage urbain.
Gehry s’est imposé comme l’une des voix les plus singulières du tournant postmoderne. Dès les années 1980, puis avec l’usage pionnier de la modélisation numérique, il a ouvert la voie à une architecture expressive, mouvante, presque sculpturale. Son œuvre la plus célèbre, le Guggenheim de Bilbao (1997), en demeure le symbole : un monument de titane dont la puissance esthétique a déclenché un renouveau économique et culturel sans précédent pour la ville basque, donnant naissance à ce que l’on a appelé « l’effet Bilbao ». À Los Angeles, le Walt Disney Concert Hall ou encore la Fondation Louis-Vuitton à Paris témoignent également de cette volonté de transformer chaque projet en geste urbain.
Bien que Frank Gehry soit surtout associé aux musées et aux grands équipements culturels, il a également marqué l’architecture tertiaire avec plusieurs réalisations majeures. Son travail dans ce domaine illustre sa capacité à transposer son langage sculptural à des programmes de bureaux et de sièges sociaux, sans renoncer à l’exigence fonctionnelle. À New York, le siège d’IAC, entièrement enveloppé de verre courbé, a redéfini l’esthétique des immeubles de bureaux en introduisant des volumes fluides et lumineux. En Europe, le siège de la DZ Bank à Berlin combine façade sobre et atrium spectaculaire, démontrant son talent pour articuler contraintes institutionnelles et expression architecturale.
Gehry a également signé des projets pour le secteur technologique, notamment pour le campus de Meta en Californie, où il a imaginé des plateaux ouverts et modulables à très grande échelle. Par ces contributions, l’architecte a montré que l’innovation formelle pouvait pleinement s’inscrire dans l’univers du tertiaire, en proposant des espaces de travail ambitieux et iconiques.
Si son travail a parfois nourri la controverse, jugé trop spectaculaire ou coûteux par certains, son influence reste incontestable. Gehry a démontré qu’un bâtiment pouvait dépasser sa fonction pour devenir un marqueur culturel, un repère identitaire, un objet d’émotion. Il a aussi profondément inspiré les générations suivantes, en montrant que l’innovation formelle n’était possible qu’au prix d’une maîtrise technique exigeante et d’une recherche incessante.





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